Episode 153
153: Quand tu ne progresses plus en français
16 July 2025
24 mins 45 secs
About this Episode
Dans cet épisode, on parle de cette phase frustrante où on a l’impression de stagner dans l'apprentissage du français 😩.
On vous explique pourquoi c’est normal (spoiler : ça arrive à tout le monde !) et on vous partage plein d’astuces pour relancer votre motivation. Changer sa routine, se rappeler pourquoi on apprend, rester curieux… et surtout : ne pas lâcher le morceau 🐶💥 !
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Transcript
Judith:
[0:17] Bonjour Hélène.
Hélène:
[0:18] Salut, comment ça va Judith ?
Judith:
[0:21] Ça va très bien aujourd'hui. Et toi, comment ça va ?
Hélène:
[0:24] Ça va bien aussi. Et vous les amis, comment ça va ?
Judith:
[0:28] Aujourd'hui Hélène, je voulais parler avec toi d'un sujet très en rapport avec l'apprentissage de la langue. Et c'est les paliers qu'on atteint quand on ne progresse plus.
Hélène:
[0:39] C'est fâcheux.
Judith:
[0:42] C'est fâcheux mais c'est normal. Ça arrive à tout le monde, dans l'apprentissage d'une langue ou dans n'importe quel autre domaine. Et on va essayer de voir ensemble pourquoi ça arrive, comment reconnaître cette phase qui est normale, encore une fois. Et puis surtout, comment l'accepter et la dépasser.
Hélène:
[1:01] Super programme. Et pour commencer, on écoute un message ?
Judith:
[1:05] Yes !
Monique:
[1:06] Bonjour Hélène et Judith. Je n'ai pas envie de dire mon prénom. Après avoir vu votre nouvelle vidéo sur YouTube, j'ai l'impression d'avoir le prénom d'une vieille tante en France. Je m'appelle Monique. Quelle catastrophe ! Je suis Australienne et c'est marrant parce que c'est tellement rare pour moi de rencontrer quelqu'un qui porte ce prénom. Mais ce n'est pas le cas en France. Pas du tout en fait, j'ai appris. Ça fait un an et demi que j'ai commencé à apprendre le français et j'adore le processus d'apprentissage d'une langue étrangère. C'est vraiment difficile, cela va de soi, mais dans mon expérience, j'ai trouvé qu'il y a une certaine magie dans les échanges humains, surtout quand on fait l'effort d'apprendre une langue différente et quand on connaît un peu la culture de quelqu'un d'autre. Et c'est pour ça que je continue. Un grand merci pour votre podcast. J'adore tous les épisodes et votre manière très honnête. Aussi, félicitations Hélène. Je suis maman aussi et ce sera une aventure très précieuse. Ok, au revoir. Ciao, ciao.
Hélène:
[2:20] Merci Monique pour ton message. C'est vrai que tu portes un prénom plutôt ancien en France. Et comme tu as dit, c'est un peu un prénom de femme âgée. Mais c'est marrant que ce soit si rare en Australie. Donc, j'imagine que c'est plutôt sympa d'avoir un prénom original. Et je suis sûre que ça te va très bien. Et merci pour tes félicitations. C'est très gentil.
Judith:
[2:43] Oui, et tu parles bien sûr très bien français. Merci beaucoup d'avoir pris le temps de nous envoyer un message. Et on adhère à tout ce que tu dis en rapport avec l'apprentissage d'une langue et de l'ouverture que ça donne sur une culture et l'ouverture que ça donne sur toutes les personnes qui parlent la langue qu'on apprend. Et donc, on reste un petit peu dans ce sujet.
Le sujet de la semaine
Hélène:
[3:11] À ton avis, pourquoi on a souvent, quand on apprend une langue, à un moment, cette impression de ne pas avancer ?
Judith:
[3:17] Je pense qu'il y a quelque chose de très, très subjectif à ça. Parce qu'en fait, au début, quand on apprend une langue, on a cette impression de progresser très, très vite. Parce qu'au début, on emmagasine du vocabulaire, on peut dire de plus en plus de mots, on peut exprimer de plus en plus d'idées, et ce, très rapidement. Et en fait, à un moment, je pense qu'on a du mal à constater les progrès qu'on fait parce qu'ils sont plus subtils, parce qu'ils sont plus complexes, parce qu'on va réussir à former des phrases plus complexes, on va réussir à exprimer des idées de manière plus subtile, on va comprendre une blague. Et c'est ce genre de progrès qu'on a peut-être du mal à voir parce que c'est plus difficilement mesurable, tu vois ?
Hélène:
[4:01] Oui, passer de zéro à un tout petit peu, c'est une différence énorme. Quand on ne connaît rien et qu'après quelques jours, on connaît un peu quelque chose, ça fait une différence énorme. Mais entre un petit peu, un peu, la différence se voit moins. Donc, c'est vrai que je pense que c'est plutôt une question de perspective. On se concentre un peu, peut-être pas sur le négatif, mais peut-être pas assez sur le positif. Et on a tendance à plutôt se dire « Ah tiens, je ne comprends pas ça, je n'arrive pas à dire ça, je n'arrive pas à faire ça en français » plutôt que de se dire « J'arrive déjà à faire tout ça. »
Judith:
[4:41] Oui, exactement. C'est vrai que comme tu dis au début, on apprend quelques phrases, quelques mots et on peut mesurer tout ça. On voit tout ce qu'on a appris et on se dit « Oh là là, maintenant j'arrive à dire tout ça. » Et plus on progresse, plus on se rend compte de tout ce qu'on ne sait pas encore dire, de tout ce qu'on a appris qu'on a encore à apprendre. Et en fait, c'est vraiment le focus qui change.
Hélène:
[5:03] C'est ça. Et puis, comme on connaît mieux la langue, c'est vrai qu'on est plus conscient aussi des erreurs qu'on fait. Donc, on est beaucoup plus critique, beaucoup plus perfectionniste. On aimerait atteindre une sorte de perfection. D'ailleurs, on entend très souvent des gens dire « Mon objectif, c'est de parler français comme un natif. » Donc, on voit tout de suite qu'il y a un objectif très, très, très haut.
Judith:
[5:28] Indéniable. La plupart des gens ne parleront jamais comme des natifs, et pourtant ils parleront très, très bien.
Hélène:
[5:33] Ouais, et donc on a cette impression de stagner, alors que c'est pas forcément la réalité.
Judith:
[5:39] Et donc en fait, dans cette période où on continue de travailler, on part du principe qu'on travaille relativement régulièrement, qu'on continue à s'entraîner, à pratiquer, à étudier, et qu'on a cette impression de plus progresser. Comment est-ce qu'on peut détecter des signes qu'en fait on progresse ? Même si on est biaisé intellectuellement ?
Hélène:
[5:59] Alors déjà, on comprend des choses peut-être un peu subtiles, comme de l'humour par exemple. Ça c'est un signe qu'on parle déjà vraiment bien, comprendre des traits d'humour dans une langue. On peut reconnaître ses erreurs aussi, et les erreurs des autres, peut-être plus facilement qu'avant. On peut donc se corriger, on fait des erreurs mais on se corrige tout de suite, parfois. On passe moins par la traduction, ça devient un peu plus fluide. On n'est pas toujours obligé de tout traduire dans sa tête. Et donc, on atteint une sorte de spontanéité. Et en fait, ça, on en aurait été complètement incapable avant.
Judith:
[6:35] Oui, c'est vrai. En fait, on peut dire exactement la même phrase. Et peut-être qu'entre quelques mois de différence d'apprentissage, au début, ça nous demanderait beaucoup d'efforts. Il faudrait, comme tu dis, traduire chaque mot, réfléchir à la construction de la phrase et dire cette même phrase un mois après sans avoir l'impression d'avoir beaucoup progressé, sans avoir appris beaucoup de vocabulaire. Mais en fait, on va dire la même phrase avec une plus grande aisance, plus rapidement, de manière plus automatique. Et en fait, c'est vrai que ça veut aussi dire qu'on a consolidé ce qu'on a appris. Et ça, ça fait partie de l'apprentissage. C'est même une grande partie de l'apprentissage. On apprend des choses, mais à un moment, il faut vraiment aller les stocker dans la mémoire à long terme. Ça, ça demande beaucoup d'énergie, beaucoup de temps. Et ça fait partie des progrès, en fait.
Hélène:
[7:22] Oui, progresser, ce n'est pas juste apprendre des nouvelles choses. C'est consolider des choses qu'on a déjà apprises aussi.
Judith:
[7:30] Tu veux que je te dise ? Moi, je pense qu'en fait, j'en suis vraiment là dans mon apprentissage de l'allemand.
Hélène:
[7:35] Oui.
Judith:
[7:35] Tu vois, j'ai atteint péniblement mon niveau B2. Et d'ailleurs, on en reparlera après parce que c'est un peu flou. Mais j'ai cette impression en allemand parfois de ne plus progresser. Et en fait, je me suis rendu compte que j'étais vraiment dans une phase de consolidation de tout ce que je sais déjà. Et en fait, maintenant, ce que je sais déjà, je l'utilise avec énormément d'automatisme. Et ça, ce n'était pas vrai il y a quelque temps. Et pourtant, je n'ai pas appris beaucoup plus de choses qu'il y a quelque temps. Mais maintenant, comme tu dis, je peux comprendre des blagues, je peux regarder des vidéos sans sous-titres. Je ne crois pas avoir gagné beaucoup en vocabulaire, mais le vocabulaire que je connais, je ne fais plus d'efforts pour le mobiliser et le retrouver.
Hélène:
[8:18] Oui, donc c'est déjà une différence importante en fait.
Judith:
[8:22] Oui, j'ai vraiment un niveau d'allemand qui est acquis et que je consolide. On verra après, mais comment on fait pour maintenant monter la marche, quoi ?
Hélène:
[8:31] Oui. Alors, est-ce qu'il y a des techniques ?
Judith:
[8:34] Je pense que quand on a une manière d'apprendre, on a un peu tendance à faire tout le temps la même chose.
Hélène:
[8:39] C'est vrai, on a ses routines. D'ailleurs, c'est quelque chose d'un peu à la mode aussi. On voit sur les réseaux sociaux des routines pour apprendre, des routines pour faire quelque chose. Et c'est bien d'avoir une routine, mais en même temps...
Judith:
[8:52] Ça a des limites.
Hélène:
[8:53] Oui, c'est ça.
Judith:
[8:54] Et varier les formats d'apprentissage, c'est, je pense, quelque chose qui fonctionne réellement. Si on a l'habitude de regarder des vidéos et d'écouter des podcasts, en tout cas, dans mon cas, c'est ça, je pense que l'étape d'après, ça va être, par exemple, d'essayer de produire des textes à l'écrit.
Hélène:
[9:11] Oui.
Judith:
[9:11] Tu vois ? Et là, je pense que, clairement, dans mon cerveau, je stimulerais d'autres zones et ça me forcerait à réfléchir à d'autres choses, aux structures grammaticales que j'utilise pas souvent, etc. Et également, je pense que j'ai besoin aussi d'interactions en direct, de parler avec des gens pour pouvoir beaucoup plus pratiquer mon allemand à l'oral.
Hélène:
[9:31] Ouais. Et si on regarde beaucoup de vidéos, on peut commencer à regarder des films aussi.
Judith:
[9:35] Oui, complètement.
Hélène:
[9:36] Ça demande de la concentration pendant beaucoup plus longtemps, ça demande un autre type de vocabulaire, c'est beaucoup plus stimulant pour le cerveau. Si on a déjà l'habitude de parler, on peut essayer de parler plus. Par exemple, si on a un cours de français, on peut s'obliger à participer plus activement.
Judith:
[9:54] Si on est très passif dans un apprentissage, ça c'est quelque chose qu'on répète beaucoup. On adore l'apprentissage passif, ça marche, mais ça a ses limites. Il faut à un moment être plus actif. Par exemple, quand on écoute un podcast, prendre des notes, noter du vocabulaire et le revoir. Et ça, ça ajoute aussi l'implication du corps (oui). Tu vois, le corps s'active pendant qu'on apprend une langue. Et pareil, ça stimule d'autres zones du cerveau, en fait, et ça fait un peu avancer les choses, ça crée des liaisons entre les neurones. Je ne sais pas comment le dire, mais il se passe quelque chose quand physiquement, on s'implique dans un apprentissage.
Hélène:
[10:29] Oui, et puis aussi, bien sûr, c'est important de se reconnecter avec soi-même et de se redemander peut-être pourquoi on a commencé cet apprentissage, de revenir vers ses motivations profondes et aussi vers des choses qui nous font vraiment plaisir. Parfois, on s'oblige à consommer des contenus parce qu'on sait que c'est d'un niveau avancé, que c'est adapté à notre niveau, que c'est censé nous faire progresser. Mais c'est important aussi de consommer des contenus juste parce qu'on aime. Et c'est ça qui peut nous aider à progresser aussi parce que ça va solliciter d'autres zones dans notre cerveau, des zones plutôt liées au plaisir, etc., à l'émotion. Et ça, ça peut aussi aider à progresser, en fait. Parce que quand on lit l'intellectuel à quelque chose d'émotionnel, généralement, ça aide.
Judith:
[11:17] Je pense que c'est aussi pour ça que nos vidéos fonctionnent.
Hélène:
[11:19] Oui.
Judith:
[11:20] Ça me fait penser au message vocal qu'on avait reçu dans un épisode précédent, peut-être le dernier ou l'avant-dernier, tu sais, de cette étudiante qui avait appris le français à l'université et qui a fini par s'ennuyer, tant et si bien qu'elle attendait que les cours soient annulés parfois, en tout cas qu'elle espérait ça. Et finalement, en découvrant nos vidéos et en découvrant une manière plus ludique, un peu plus informelle, moins académique d'apprendre, elle a pu comme ça passer un palier, se renouer avec le pourquoi, quoi, comme les gens aiment bien dire le why, en développement personnel et tout ça.
Hélène:
[11:54] Quand je faisais mes études, on lisait énormément parce que j'étudiais la littérature. Et à un moment, je me suis dit, en fait, je n'aime plus lire. Et après, quand j'ai passé cette période, quand j'ai fini mes études en littérature, j'ai recommencé à lire des livres pour le plaisir, en fait, et à choisir mes livres, à choisir ce que j'avais envie de lire. Et ce n'était pas toujours des classiques de la littérature, ce n'était pas toujours des choses hyper...
Judith:
[12:19] Élitistes.
Hélène:
[12:21] Élitistes, intellectuelles, c'était parfois des romans un peu plus simples, un peu plus grand public. Et en fait, je me suis dit, mais en fait, j'adore lire. C'est juste que j'étais fatiguée, J'étais saoulée de ces livres hyper élitistes, hyper intellectuels, hyper complexes. Et parfois, on a besoin juste de changer un peu de contenu pour se rendre compte, pour se re-rendre compte qu'on aime cette activité.
Judith:
[12:43] C'est un vrai sujet, la lecture.
Hélène:
[12:45] Ouais.
J'ai capté
Judith:
[12:51] Dans cette section, j'aime bien parler d'une expression d'argot. Et dans ce contexte-là de passer des paliers, de persévérer, j'aime beaucoup l'expression « ne pas lâcher le morceau ».
Hélène:
[13:05] Elle est assez imagée.
Judith:
[13:07] Exactement.
Hélène:
[13:07] On imagine assez bien ce que ça peut vouloir dire. Donc, en fait, l'image, c'est un animal, un chien, probablement, qui tient quelque chose dans sa bouche et qui ne veut pas le lâcher. Un bâton, un os.
Judith:
[13:23] Un morceau de viande.
Hélène:
[13:24] Oui, un morceau de viande, probablement. On imagine cet animal qui refuse vraiment catégoriquement de lâcher ça. Et ça montre une grande détermination.
Judith:
[13:34] Oui, donc par exemple, elle n'a pas lâché le morceau et elle a fini par obtenir ce qu'elle voulait.
Hélène:
[13:40] Tu verras, si tu ne lâches pas le morceau, ça va finir par payer.
Judith:
[13:45] Ça, c'est vous et votre apprentissage du français, les amis (ouais). Il a tenu bon, sans jamais lâcher le morceau, même quand c'était galère. Ça, c'est encore de l'argot, mais quand quelque chose est galère, c'est que c'est compliqué.
Hélène:
[13:58] Ouais, donc comme conseil pour vous les amis, ne lâchez pas le morceau. Même si vous avez l'impression de stagner, ce n'est pas vrai. Continuez à apprendre, ne lâchez pas le morceau.
Je râle, tu râles, nous râlons
Judith:
[14:16] En termes de palier, il y a quelque chose de très réglementé par le cadre européen de référence des langues, et c'est ces fameux niveaux A1, A2, B1, B2, C1, C2. Qu'est-ce que t'en penses, toi ?
Hélène:
[14:31] Alors moi, quand j'ai fait mes études pour devenir enseignante de français langue étrangère, on nous parlait énormément de ces niveaux. Il fallait qu'on connaisse par cœur toutes les descriptions de ces niveaux, ce que ça voulait dire, ce qu'une personne avec un niveau B1 devait savoir faire, ce qu'elle maîtrisait en termes de grammaire, en termes de vocabulaire. Et c'est vrai que c'est un cadre, je pense, qui est utile pour les profs, pour structurer ses cours. Et aussi, ça peut l'être pour les apprenants, mais c'est vrai que ça a quelque chose de très, très académique, de très, très scolaire. Et l'idée, en fait, de ces niveaux, de ces paliers, c'est plutôt de pouvoir mesurer, de pouvoir évaluer la compétence en langue étrangère.
Judith:
[15:18] Oui, mais ça ne dit pas vraiment comment on est à l'aise dans une langue. Ça ne dit pas si on est capable de comprendre, je ne sais pas moi, des blagues du second degré. Et puis, je trouve qu'il y a quelque chose d'un peu hétérogène dans le sens où dans ces niveaux, il y a quand même quatre domaines.
Hélène:
[15:36] Quatre compétences, oui.
Judith:
[15:37] La lecture, l'écriture, la compréhension orale, la pratique orale, la compréhension écrite et...
Hélène:
[15:44] La production écrite.
Judith:
[15:45] La production écrite. Et tu vois, moi, quand j'ai passé mon test de B2 en allemand, c'était complètement disparate. Ça reflétait aussi ma manière d'apprendre l'allemand, mais par exemple, en compréhension écrite et orale, j'ai quasiment eu la totalité des points. Mais en production orale et surtout en production écrite, c'était très, très limite. Et donc, en fait, oui, j'ai eu mon niveau B2, mais je ne suis pas très à l'aise à l'oral et je ne suis vraiment pas capable d'écrire un texte correct. Alors que je comprends tout quasiment maintenant à l'oral et encore plus à l'écrit. Bon, tu as raison, en fait, il faut bien à un moment essayer, surtout pour les profs, comme tu dis, de savoir à qui on enseigne et de savoir quoi enseigner à qui.
Hélène:
[16:27] Oui, c'est utile pour les livres de langue aussi, pour les programmes. Mais c'est vrai qu'en fait, selon l'usage qu'on veut faire de la langue, c'est plus ou moins pertinent. Si on veut apprendre parce qu'on a décidé d'étudier en France, par exemple, clairement, c'est très utile parce qu'il faut un niveau C1 (oui). Donc là, on a toute la route qui est tracée du niveau A1 à C1 et on doit vraiment passer par tous ces paliers et apprendre toutes ces choses. Mais si on a juste envie de voyager et de pouvoir communiquer principalement à l'oral peut-être qu'il y a des choses qui ne sont pas du tout pertinentes pour nous dans le niveau, B1, B2. Par exemple en B2 on doit lire des articles de presse, des choses assez précises assez complexes. Peut-être qu'une personne qui a juste envie d'utiliser la langue en vacances n'a pas du tout besoin de ça.
Judith:
[17:21] Oui, je vois ce que tu veux dire et puis ce qui me dérange aussi Hélène dans ces paliers, dans ces niveaux, c'est que j'ai l'impression que tout le monde ment un peu dessus sur les CV, tu vois.
Hélène:
[17:32] Oui.
Judith:
[17:32] Tout le monde se met en B2. Alors moi, je sais ce que c'est un B2 d'une langue, c'est quand même beaucoup.
Hélène:
[17:37] Oui.
Judith:
[17:37] Et j'ai l'impression que tout le monde est B2 de plein de langues, quoi. Et c'est un peu le niveau fourre-tout.
Hélène:
[17:42] Et c'est un peu difficile à croire.
Judith:
[17:44] Oui, c'est ça. J'ai l'impression que ça veut un peu tout et rien dire, quoi.
Hélène:
[17:47] Oui, parce qu'on peut avoir réussi un test B2.
Judith:
[17:50] Exactement.
Hélène:
[17:51] Et ne pas du tout être à l'aise dans une conversation, de ne pas du tout être capable même de comprendre un contenu audiovisuel parce qu'on a compensé avec des points dans la compréhension écrite, par exemple. Donc, effectivement, ça donne une petite idée, mais ce n'est pas du tout quelque chose auquel il faut complètement adhérer et qui nous permet vraiment d'évaluer le niveau de la personne.
Hélène:
[18:17] Oui.
Hélène:
[18:17] Moi, je me souviens, quand j'étais à l'université dans mon programme pour devenir prof de français langue étrangère, il y avait beaucoup d'étrangers et tous devaient avoir le niveau C1 pour être là. Donc, ils l'avaient tous validé et vraiment, les niveaux étaient extrêmement disparates. Il y avait des personnes qui étaient super à l'aise, qui écrivaient vraiment, parfois même mieux que les étudiants français. Et il y avait des personnes qui avaient du mal à s'exprimer à l'oral, qui n'étaient pas à l'aise quand les profs posaient des questions. Qui vraiment faisaient beaucoup d'erreurs à l'écrit et toutes ces personnes avaient validé le même niveau.
Judith:
[18:52] C'est-à-dire que le fait aussi qu'il y ait quatre parties dans ce niveau et que les quatre parties se compensent, ça fait qu'effectivement, comme tu dis, ça crée des niveaux très disparates sous le même sigle.
Hélène:
[19:04] Et puis ça dépend aussi, comme pour tout examen, de ce qu'on a eu comme sujet, de la personne qui nous a évaluée.
Judith:
[19:11] Il y a toujours une partie subjective en plus.
Hélène:
[19:13] Exactement. Comme pour tout examen, évidemment. Il faut bien quand même passer des examens et on ne peut pas vraiment s'en passer. Mais c'est vrai que ça ne dit pas tout.
Judith:
[19:22] Non, on ne pourrait pas évaluer la langue, en tout cas la connaissance de la langue d'une personne, juste avec des QCM, des questionnaires à choix multiples où il faut juste cocher des cases. Et là, on pourrait donner des notes complètement objectives, mais ce serait impossible que ce soit réaliste.
Hélène:
[19:37] Donc, comme conseil, je dirais, sauf si vous avez une nécessité professionnelle ou académique, ne vous arrêtez pas forcément à ces niveaux et ne vous focalisez
Hélène:
[19:46] pas trop sur ces niveaux.
Les ondes joyeuses
Judith:
[19:52] Hélène, est-ce qu'il y a un domaine dans lequel tu as longtemps stagné, puis réussi à progresser après persévérance ou après peut-être d'autres moyens que tu pourrais nous expliquer ?
Hélène:
[20:04] C'est vrai que moi, j'ai cette tendance à abandonner les choses qui me paraissent difficiles.
Judith:
[20:08] Bienvenue au club.
Hélène:
[20:11] Donc, toutes les choses où j'ai eu des difficultés, tous les domaines où j'ai eu des difficultés, j'ai abandonné, je pense, avant de vraiment être frustrée par ce moment de stagnation. Mais il y a une chose que je n'ai pas abandonnée, c'est le travail sur moi-même. Le travail notamment avec une psychologue, mais aussi simplement avec moi-même, d'essayer de m'améliorer, de travailler sur mes faiblesses, sur mes difficultés pour ne pas qu'elle m'handicap trop dans la vie. Et ça, c'est quelque chose d'extrêmement difficile, bien sûr. Et c'est vrai que je pense que tout le monde a eu ce moment où on se dit : je n'avance pas, ça fait plusieurs années que je travaille sur moi-même, que je fais des efforts, que je vois un psychologue ou un psychiatre, que je prends un traitement même. Et pourtant, j'ai l'impression que je n'ai pas changé, que je fais toujours les mêmes erreurs, que je retombe toujours dans les mêmes schémas. Et c'est parfois désespérant. Mais moi, en tout cas, j'ai vécu un peu un moment de réalisation de ce que j'avais accompli, alors que peu de temps avant, j'avais l'impression d'avoir stagné. Un moment où je me suis dit, tiens, je ne sais pas vraiment comment, mais maintenant, cette chose qui m'était très, très, très difficile, il y a un an, je le fais. Et je ne me rends même plus compte que c'est très difficile.
Judith:
[21:29] Tu l'as rendu facile.
Hélène:
[21:30] Oui, mais parfois, on passe vraiment d'un moment où on se dit, je n'avance pas du tout. À un moment où on se dit « tiens, c'est bizarre, j'arrive à faire ça, je ne sais pas comment ça s'est fait, par quel tour de magie. » Et ce n'est pas un tour de magie, c'est juste qu'en fait, on a fini par assimiler petit à petit les choses qu'on a apprises, qu'on a travaillées, et un jour, cette assimilation se fait ressentir, ou on arrive à la ressentir aussi.
Judith:
[21:55] Mais je crois que c'est dans tous les domaines où on stagne, je crois que c'est vraiment à cette espèce d'instant où on se dit j'ai tout donné, j'y arrive plus (ouais). Que si juste on continue encore un peu, c'est là que les choses, elles peuvent basculer. Je ne sais pas si tu vois cette image qu'on voit souvent en même. C'est ce mec qui creuse dans une montagne et on le voit creuser sur un très, très, très, très, très, très, très, très, très, très long tunnel. Et en fait, on voit que s'il mettait juste encore un coup de pioche, il y avait le trésor juste derrière et il arrête juste avant alors qu'en fait, il a déjà fait un très, très long chemin. J'ai l'impression de m'être rendu compte avec le temps que c'est vraiment à ce moment de désespérance que peuvent basculer les choses si on trouve la force de persévérer encore un peu.
Hélène:
[22:39] Sans doute. Quand on arrive à ce stade, c'est justement le signe qu'il ne faut pas abandonner, qu'on est près du but en fait (ouais). Toi, c'était comme ça pour un apprentissage aussi ?
Judith:
[22:49] J'ai pensé à deux choses. J'ai pensé au développement personnel, mais en fait, moi, j'en suis à ce stade-là juste avant toi.
Hélène:
[22:55] De : j'ai tout donné et je ne sais pas comment, quoi faire pour débloquer ça.
Judith:
[23:01] Et sauf qu'en fait, je suis déjà arrivée à ce stade plusieurs fois (ouais). Et là, j'ai la sagesse de me dire, je sais qu'en fait, au prochain coup de pioche, on est bon, tu vois.
Hélène:
[23:11] Il faut juste patienter un peu.
Judith:
[23:12] C'est ça, exactement. Et j'ai un peu eu ça aussi pour le sport. J'ai mis beaucoup de temps à aimer le sport et pendant longtemps, je m'accrochais à cette idée qu'il fallait faire du sport, il fallait avoir une activité physique. Et puis, à un moment, à force de persévérance, j'ai fini par vraiment aimer ça, vraiment m'y habituer. Et je suis contente de ne pas avoir lâché parce qu'en fait, même en termes de santé mentale, je crois qu'il n'y a pas beaucoup de choses qui font autant de bien que le sport. (ouais). Je sais, toi, tu as toujours adoré le sport.
Hélène:
[23:39] Non, pas du tout. Moi, quand j'étais plus jeune, je pensais que le sport, ce n'était pas pour moi, que j'étais nulle, parce que je n'avais vraiment pas eu de bonnes expériences à l'école avec le sport. Et quand j'ai décidé de faire du sport en tant qu'adulte, par choix, pour moi-même et que ce n'était plus une obligation, j'ai aimé ça.
Judith:
[23:56] C'est marrant, ça revient souvent. Tu n'aimes pas qu'on t'oblige à faire des choses. Il faut que ça vienne de toi.
Hélène:
[24:03] Exactement.
Judith:
[24:04] T'imagines si tu avais un manager ?
Hélène:
[24:06] Ah ouais, je serais la pire employée probablement.
Judith:
[24:10] En tout cas, merci d'avoir partagé tout ça avec moi, Hélène. C'était hyper intéressant.
Hélène:
[24:15] Merci à toi pour ce sujet. Et on attend vos retours, les amis, vos expériences inspirantes, vos frustrations, vos idées sur le sujet.
Judith:
[24:23] Ouais, là je sais qu'on va avoir des retours assez intéressants et intimes et inspirants.
Hélène:
[24:29] Ouais.
Judith:
[24:29] Et les amis, si vous êtes membre du podcast Membership, vous restez avec nous parce qu'on va encore papoter pendant quelques minutes sur le sujet.
Hélène:
[24:36] Et pour les autres, à la semaine prochaine.
Judith:
[24:39] Au revoir.
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